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FRUITS ACIDES, BORBOXE.

mière et rouge pour l’autre, c’est-à-dire celle d’Afrique ; cette dernière est apportée sur les marchés du Caire par les caravanes qui viennent de l’intérieur et surtout par les nègres du Darfour. On en fait en Égypte un usage assez étendu pour l’assaisonnement des viandes. Macéré et uni au sucre, dans certaines proportions, il forme un sirop ou sorbet qui, étendu d’eau, est très recherché sous ce brûlant climat.

Le tamarin d’Afrique était autrefois préféré à celui de l’Inde mais, depuis qu’on le falsifie avec la pulpe de pruneaux, il a singulièrement perdu de sa faveur. On doit le choisir gras au toucher, d’une odeur particulière, d’une saveur acide, agréable, sans toutefois agacer les dents ; il est formé de filaments fibreux et de graines rouges de corail, plates et quadrangulaires, entourées d’une pulpe plus ou moins noire. Cette pulpe, pour être conservée et livrée au commerce, étant soumise à une sorte de concentration, et cette opération s’effectuant le plus ordinairement dans des vases de cuivre, il n’est pas rare d’y trouver des traces de ce métal. Sa présence pouvant avoir des conséquences graves, nous allons indiquer le moyen de l’en séparer ; on délaie la pulpe dans une quantité suffisante d’eau, on y plonge des lames ou spatules de fer bien décapées et on les y abandonne. Le cuivre, en raison de sa grande affinité pour ce métal, se précipite sur les lames et abandonne la pulpe, on les retire et on fait ensuite rapprocher convenablement.

Le procédé suivant qu’on emploie à la Guadeloupe, pour extraire et conserver le tamarin, ne présentant aucun danger, devrait être plus généralement employé ; nous espérons, en lui donnant de la publicité, contribuer, autant qu’il est en nous, à obtenir un résultat si désirable. Il consiste, après avoir extrait la pulpe de son enveloppe coriace, à la priver de ses longs filaments et à la mêler, par couches alternatives, avec du sucre brut ; on rend, par ce moyen, l’altération impossible et on s’oppose à ce que ce précieux médicament offre, comme il arrive trop souvent, non-seulement des traces de cuivre, mais d’acétate de ce métal, par suite de la fermentation acéteuse qui s’y établit.

Examen chimique. Il résulte d’une analyse de la pulpe de tamarin de commerce, que l’on doit à M. Vauquelin, que 100 parties sont composées de sucre 12,5, — gomme 4,7, — gelée vétale (bassorine), 6,2 — matière parenchymateuse (fibre ligneuse) 36,5, — acide malique 0,4, — acide citrique 9,4, — acide tartrique 1,5, — tartre 3,2, — eau 36,5, — excès 5,6.

M. Fée, frappé de la proportion assez considérable de sucre que contient le tamarin de l’Inde, s’est assuré que les Indiens, pour rendre sa conservation plus certaine, en ajoutent une certaine quantité, d’où il résulte que, comparé à celui de la Guadeloupe, il est relativement moins purgatif et qu’on doit en augmenter la dose.

La pulpe de tamarin entre dans la composition de plusieurs préparations magistrales ; on l’administre, soit en boisson, soit en lavement ; elle étanche la soif et calme les ardeurs d’estomac et d’entrailles ; elle augmente, par sa présence, l’action des purgatifs doux, tels que la manne et la casse, et affaiblit celle des cathartiques résineux ; la dose est de 30 à 60 grammes dans un véhicule approprié ; on doit se garder de l’associer avec des sels à base de potasse, car il s’opère dans ce cas une décomposition du sel ; l’acide tartrique du fruit, s’unissant a la potasse, forme un surtartrate de potasse qui se précipite, et qui diminue d’autant l’action du médicament.

Les semences sont employées dans l’Inde pour faire des colliers, des bracelets et autres ornements ; leur couleur rouge de corail se marie bien avec le bronze cuivré des indigènes.

On a fait des essais assez heureux de l’emploi des tamarins dans la teinture en noir.

BORBONE, fruit de corail, rhus metopium, L, ; f. des Térébinthacées, J.

Ce fruit s’offre sous la forme d’une drupe ovale ; son écorce est sèche et d’une