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moins onéreuse, immédiatement profitable et réellement populaire. Le plus grand obstacle à la propagation immédiate des connaissances agricoles, l’ignorance des adultes, serait ainsi surmonté. En agissant ainsi, les instituteurs primaires justifieraient la confiance du gouvernement et feraient le plus noble usage de l’indépendance qu’ils doivent à la nouvelle législation.

Les habitants des campagnes, s’ils comprennent l’utilité de ces connaissances, peuvent, et nous insistons à dessein sur ce point, améliorer leur situation, sans concours étranger ; le moyen est simple et facile : il consiste à multiplier les meilleures espèces et à donner plus de soin à la culture des arbres fruitiers. Si tous les habitants d’un village ne sont pas cultivateurs, tous peuvent et doivent être jardiniers ou arboriculteurs. Ce n’est pas l’étendue du terrain, comme on l’a dit tant de fois, qui fait la richesse du propriétaire, c’est la manière dont il est cultivé. Cette vérité si connue, et si bien appréciée par les gens éclairés, ne l’est pas assez par les habitants des campagnes, on ne saurait donc trop la leur répéter. Notre but sera atteint si nos observations arrivent jusqu’à eux, aucun sacrifice ne nous coûtera pour que cette destination particulière de notre ouvrage soit remplie ; les savants n’ont pas besoin qu’on les éclaire, les gens du monde ont souvent d’autres occupations qui ont aussi leur importance ; les gens de la campagne, au contraire, n’ont d’autre soin que celui de vivre et d’élever leurs enfants ; ils n’ont d’autre industrie que la culture de la terre ; toute leur existence se résume, pour ainsi dire, dans ces mots : semer pour recueillir ; cependant ceux qui sont appelés plus spécialement à exercer cette noble industrie, ces pères nourriciers de la patrie, qui savent si bien la défendre au besoin, peuvent avec avantage s’occuper d’autres soins ; la culture ne comprend pas seulement le labour et les semailles ; le cultivateur vraiment digne de ce nom doit être à la fois arboriculteur et agronome manufacturier ; son verger ne doit pas, comme il arrive trop souvent, être abandonné au hasard,