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des connaissances agricoles manufacturières, et le pays leur devra tous les bienfaits de la civilisation.

Cette tâche est facile, et le digne pasteur Oberlin, dont la France et l’Europe révèrent la mémoire, l’a prouvé. « Avant lui, dit son panégyriste[1], on ne connaissait d’arbres fruitiers au Ban de la Roche que des pommiers sauvages. En y arrivant, il engagea les malheureux habitants de ce pays à planter de bons arbres, qu’il se chargeait de leur procurer ; mais ils n’en cultivaient pas auparavant, et ils négligèrent ses conseils. Voyant que ses exhortations étaient inutiles, il n’en parla plus, mais il fit creuser des fosses profondes dans un champ qui dépendait de sa cure ; il y fit porter de la terre, y planta des arbres fruitiers de bonne qualité, et, quelque temps après, il fit dans son jardin une petite pépinière d’arbres de même espèce. Le champ était traversé par un sentier très-fréquenté, de sorte que bientôt tout le pays fut témoin du succès que le digne ministre avait obtenu dans sa plantation. Alors ceux qui avaient ri d’abord de son entreprise allèrent lui demander des arbres de sa pépinière, et il les leur donna avec plus de plaisir encore qu’ils ne les reçurent. »

« Le goût des plantations s’étant répandu, M. Oberlin, pour diminuer la dépense, enseigna l’art de greffer. Les enfants, à leur tour, apprirent à confier avec soin des arbres à la terre, et le pasteur exigeait qu’ils eussent planté deux arbres avant de leur donner la confirmation chrétienne. Le jour où ils venaient lui offrir les prémices de leurs arbres était un des plus beaux de leur jeunesse. »

Espérons qu’un si bel exemple sera suivi, c’est un motif d’encouragement bien grand pour les ministres des autres cultes, et pour tous les hommes qui sont appelés, par leur savoir et leur position, à exercer une influence aussi légitime. La culture des fruits contribue, en effet, plus puissamment qu’on ne le pense généralement au bien-être du genre humain ;

  1. M. Paul Merlin, nouvelle alsacienne ; Treuttel et Würtz.