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Sa rosserie ne s’indigne pas contre les roueries et la froide férocité des femmes en chemise. Elle s’amuse plutôt à piquer la niaiserie, la vanité, le vicieux dévergondage du Muffle bourgeois et hypocrite, si correct hors l’alcôve, mais ignoble sitôt la porte close et les tentures baissées.

Ces pages sont une synthèse de la vie demi-mondaine. La femme en chemise se meut entre l’amant sérieux et l’amant de cœur, l’un et l’autre aussi laids, aussi repoussants. Elle exècre le michet, elle aime le « petit homme » elle croit l’aimer plutôt, car, à force de simuler l’amour, elle est devenue impuissante, elle aussi, comme le vieux.

Ces pages d’album, rassemblées un peu au hasard, forment une œuvre de très curieux impressionnisme, le premier livre, je crois, de Couturier qui est un de nos plus jeunes, mais en même temps un de nos plus admirables dessinateurs. Élève de Forain, je suis certain qu’il sera supérieur au Maître. Ses premiers essais ne permettent-ils pas de formuler cet espoir ?


RENÉ ÉMERY.