Page:Couturat - Pour la Langue Internationale, 1906.pdf/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
conclusion

en quelque sorte pour arbitre. C’est dans ce sens que nous invitons les Sociétés de savants, de commerçants et de voyageurs de tous les pays à émettre des vœux et à élire des délégués qui se joignent à nous pour les présenter à la susdite Association au nom du monde civilisé.

Si l’Association refusait de se charger du choix désiré, c’est le Comité élu par la Délégation qui s’en chargerait ; et, comme il serait le représentant (au second degré) de l’ensemble des intéressés, sa décision aurait encore toute l’autorité nécessaire pour s’imposer aux sociétés adhérentes, et par elles à tous les pays. (Il va sans dire que ce Comité serait composé d’un petit nombre de personnes d’une compétence et d’une impartialité reconnues, prises au besoin en dehors de la Délégation.) Ainsi, de toute façon, les vœux des Sociétés adhérentes sont assurés de recevoir satisfaction. Lors même qu’une minorité de Sociétés, voire une nation entière, resterait en dehors de ce plébiscite international, il suffirait que la L. I. choisie fût pratiquée par la majorité des sociétés et la majorité des nations pour qu’elle s’imposât bientôt aux autres, au nom même de leur intérêt, car elles y trouveraient un avantage manifeste, tandis que l’ignorance de la L. I. les mettrait dans un état d’infériorité marqué.

Conclusion.

Mais au-dessus de l’intérêt pratique que la L. I. offre aux individus et aux nations, il y a un intérêt général et humain qui ne saurait indifférents les savants et les philosophes. Nous avons dit que la nécessité de la L. I. résultait du développement inouï des relations internationales. Inversement, l’institution d’une L. I. rendra ces relations plus fréquentes et plus nombreuses. Elle favorisera à la fois l’extension des échanges commerciaux et celle des échanges d’idées. Elle permettra aux savants d’être plus vite et plus directement informés des découvertes et des progrès accomplis dans tous les pays. En faisant profiter chacun d’eux des travaux de tous ses confrères, elle leur épargnera des recherches inutiles et des pertes de temps, elle accroîtra entre eux l’entente nécessaire à l’organisation et à la division du travail scientifique, elle réalisera de plus en plus l’unité de la science ; elle incarnera et symbolisera l’unité de l’esprit humain. On nous objecte souvent que les langues vivantes ont un contenu intellectuel et moral, à savoir