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Vous ne savez donc pas, enfant, quel doux mystère
En becquetant partout remplit l’oiseau pieux
Ses petits sont dans l’arbre, au fond d’un nid joyeux,
Pour vous ce n’est qu’un chant, mais pour eux c’est un père.

C’est un père aussi bon que nos pères, enfant.
Instruisant ses petits à voler dans l’espace, »
A louer le Seigneur à chaque jour qui passe,
En lui donnant toujours ses conseils dans un chant.

Puis il descend parfois du nid de mousse frêle
Chercher un peu de blé qu’il leur reporte en haut,
Pour les faire grandir, puis afin que bientôt
Leur cri devienne un chant et leur duvet une aile.

Le plus petit oiseau le Seigneur le bénit.
Il lui donne le blé que le moissonneur jette,
Et quand il pense à tous, le Dieu bon, il émiette
Un peu de son amour dans le plus humble nid.

Et quand votre captif qui fuit et vous évite,
S’arrête en écoutant, c’est qu’il entend la voix
Des petits qu’il laissa, dire du fond des bois :
Nous allons tous mourir si tu ne reviens vite.

Car ne recevant pas ce qu’il doit lui porter
La mère reste au nid auquel elle est fidèle,
Et malgré son amour, les couvant sous son aile
Tous les petits mourront sans avoir pu chanter.

Écoutez donc l’oiseau, respirez donc la rose,
Sans prendre celui-ci, sans cueillir celle-là.
Car toujours notre main à ce que Dieu créa.
Même en le caressant enlève quelque chose.

Alex. Dumas.