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Et la v’là fourchant le treufe incarnat,
Sous l’ désir féroce et l’aube mauvaise,
A’nhui, dret l’ moment qu’a’ d’vrait êt’ ben aise,
Coumme au Paradis, dans l’ fin fond des draps,
 
Pasqu’, auparavant que d’êt’ dev’nu’ femme,
Ail’ est devenue eun’ femm’ de pésan
Dont la vie est pris’, coumm’ dans un courant,
Ent’ le foin qui mouille et les vach’s qui breument.

Les tâch’s, l’agrippant au creux de sa couette,
Mang’ront les baisers su’ l’ bord de ses lèv’es
Et séch’ront son corps, tout chaud de jeun’ sève,
Qui tomb’ra pus fréd qu’eun arpent d’ « guerouette »[1].

Les gésin’s bomb’ront son doux ventrezieau,
Les couch’s râchiront sa pieau fine et pâle ;
Et, vieille à trente ans, traînant ses sabiots,
Abêti’ d’travail, écœurdé’ du mâle,

All’ aura pus d’ yeux qu’ pour vouér, à son tour,
L’ ciel nouér su’ les prés couleur d’espérance,
Esclav’ de la Terr’ jalou’s, qui coummence
Par y voler sa premièr’ nuit d’amour.

  1. Guerouette : Terre froide, argileuse.