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suivant le tempérament particulier de chacun de ses hérauts. Il ne démontre pas : il montre. Il ne sermonne pas, ni ne légifère : il conte.

Montaigne dit : « La poésie populaire et purement naturelle a des naïvetés et grâces par où elle se compare à la principale beauté de la poésie parfaite selon l’art, comme il se voit ès villanelles de Gascogne et aux chansons qu’on nous rapporte des nations qui n’ont connaissance d’aucune science, ni même d’écriture : la poésie médiocre, qui s’arrête entre deux, est dédaignée, sans honneur et sans prix. » Que voilà qui est définitif ! Non pas — et j’ai la certitude que Montaigne eût développé en ce sens, — qu’il faille accepter sans contrôle « la poésie populaire et purement naturelle » : elle-même est souvent au-dessous de cette « poésie médiocre » qu’à juste titre dénonce Montaigne ; mais nous savons qu’

Il n’est pas de degré du médiocre au pire.

J’entends, par « poésie populaire… », celle que nous devons à des artistes qu’une sorte de génie spontané a mis à même d’exprimer l’âme d’un mince canton. La aussi, ce sont des hommes qui vivent, exactement comme dans les villes industrielles ou capitales. Parce que l’Art ne s’alimente que du concret, il se rencontre que ces