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autres, ensuite, et eux surtout, ceux qu’il a laissés là-bas : les filles pauvres qui fautent, viennent à Paris et rentrent au pays où elles sont respectées, celle qui part comme servante et réapparaît baronne, et celle qui fait argent d’elle-même le jour du marché, les gars dont la virilité contenue s’exaspère et qui s’en vont à Orléans dans les rues chaudes, ceux qui s’en vont à Paris parce qu’au pays le travail est trop dur, le fermier qui s’éprend de la belle Julie, la noce où l’on fait ripaille, le chemin qui se rétrécit tant les propriétaires riverains tiennent à agrandir leurs terres, l’anticlérical farouche, patriotard, cocu, et membre de plusieurs sociétés savantes, le poète local officier d’Académie, les électeurs inconscients ; et les mœurs de la petite ville se mêlent ici aux mœurs de la campagne. Des antithèses élémentaires, mais que l’accent renouvelle : fumier des campagnes et fumier de Paris, Christ d’autrefois et Christ d’aujourd’hui, école opposée à la nature.

La partie la plus périssable de ce recueil serait représentée par les pièces où le « chemineux » fait figure de héros impeccable et vertueux si elles ne figuraient ici comme représentatives d’une époque où vagabonds et chemineaux faisaient fureur au cabaret comme au théâtre. Ce qu’ils en savaient, de vérités premières ! Ce qu’ils en débitaient, de tirades sur la poésie de la nature aussi