Page:Couté - La Chanson d’un gas qu’a mal tourné.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Grincement qui me fait penser à celui d’une vielle qui nasillerait sous un ciel gris et gronderait à l’occasion. Couté s’apparente à Balzac, auteur des Paysans, à Zola, auteur de la Terre. Ne lui demandons point ce qu’il ne lui appartient pas de posséder. Ne faisons état que des richesses qui lui sont propres. Elles se résument d’un mot : l’accent. Mais ce mot appelle des commentaires : on s’y attendait sans doute.

Pierre Dupont allait voir les blés à Vaugirard. Couté est né au milieu d’eux, et même de leur farine. Dupont avait fait ses humanités ; Couté, pas. Qu’on ne s’attende point qu’avec mépris je le traite de primaire. Il n’y a que les snobs — dont la foule est innombrable, — à ne pouvoir parler d’autrui sans accoler à son nom cette épithète, ou cette définition, qu’ils jugent décisive et infamante. Tel primaire a de l’originalité et du talent, tel lauréat de l’enseignement supérieur n’est qu’une larve ; et cela peut se retourner, mais la première proposition reste foncièrement valable.

Simple élève, et qui fut peu studieux, d’école communale, Couté est venu à Paris comme tant d’autres. Il y apportait la fleur de la farine du moulin paternel et du blé de ses ancêtres anonymes. Il avait sans doute très peu lu. S’il lisait, j’ignore à quels livres allaient ses