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cet état, et il est peu assidu à l’école primaire. Sa famille voudrait le voir entrer dans l’administration des Finances. Le moment venu, il lâche tout, affirmant avoir trouvé une place à Paris. Il part le 31 octobre 1898 avec cent francs en poche, et qui en sortirent vite. Il trouve un débouché précaire à l’Âne Rouge, avenue Trudaine, où son salaire consiste en un café-crème. Quelle crème ! Il connaît les jours sans pain, les nuits sans gîte. L’année suivante le voit aux Funambules où Georges Oble le fait engager à 3 fr. 50 le cachet ; la somme est élevée à 5 francs sous le consulat de Jules Mévisto. Couté chante aussi, ou récite, au Carillon, à l’Alouette, au Quartier Latin aux Noctambules et au Grillon. Il fréquente à Belleville où les ouvriers lui font fête. Jusqu’à la fin il vivra cette vie, coupée par des errances dans différentes provinces, le bâton du voyageur au poing parce qu’il ne peut, la plupart du temps, payer sa place dans les trains, par un séjour annuel dans sa famille qui, si je ne me trompe, a quitté Beaugency pour Meung ; là, il aide à mettre du blé en sac, en garçon qui de bonne heure a pris l’habitude de ce travail. On signale chez lui une volonté d’ascétisme, une indifférence au bien-être, qui ont pu contribuer à hâter sa mort. M. Dauray dit encore : « L’entraînement fatal vers la fée verte, le manque de