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INTRODUCTION.

on en trouve des traces dans les plus anciens monuments littéraires de la Flandre. Cela se comprend aisément ; la nativité avec les circonstances qui l’accompagnent est un fait qui parle vivement à l’imagination du peuple. Le récit de ces souvenirs est un des moyens les plus propres à lui expliquer ce mystère de la foi. C’est pour cela qu’il a eu tant de succès et tant de sympathie. Le noël flamand prend les formes les plus diverses. C’est tantôt une peinture naïve et simple, tantôt un dialogue vif et solennel ; c’est quelquefois un hymne ou une prière. Ce sont autant de petits drames où sont retracés les événements qui ont accompagné la nativité de notre Seigneur. Son humble naissance, le réveil et l’adoration des bergers, les mages sortis de l’Orient pour venir déposer leurs offrandes et leurs hommages aux pieds du divin enfant, présentent des épisodes que les poètes populaires ont traité d’une manière très variée et presque toujours heureuse.

Parmi nos noëls, les uns ont un caractère grave, d’autres une forme plus naïve. Dans ceux-ci les traits et les détails sont empruntés à la vie réelle, sans égard aux anachronismes ou à ce qu’on appelle ordinairement la couleur locale. Avant la révolution de 89, dans la plupart des élises de notre Flandre, on chantait des noëls pendant les messes de minuit et de l’aurore. Dans quelques localités même, les chanteurs se montraient habillés en bergers, la boulette à la main. Ils se rendaient ainsi à l’église où ils chantaient leurs noëls avec accompagnement de l’orgue, qui dans les intervalles des couplets, faisait entendre des jeux et des airs imitant la flûte et la musette. Cet usage a continué à subsister au siècle actuel ; mais depuis quelques années, il parait qu’à la suite de quelques abus, on a dû l’abolir au grand regret de beaucoup de fidèles qui voyaient dans ces scènes naïves un moyen propre à rendre vivants de pieux souvenirs et à contribuer au maintien de la foi chez le peuple.

Depuis, le noël s’est réfugié dans les familles, dans les écoles et ouvroirs de dentellières et principalement dans les écoles dominicales où il jouissait d’ailleurs également d’une grande vogue auparavant. C’est là que nous avons trouvé la plupart de ceux que nous publions. Nous avons été guidé, dans la reproduction du texte de quelques-uns, par un petit volume où on les a imprimés dans le but d’aider la mémoire des chanteurs [1]. On ne saurait du reste rien en induire contre leur popularité. Il est bon de remarquer au contraire que ceux-là seuls, qui étaient déjà populaires, recevaient l’honneur de la publicité.

  1. Annales du Comité flamand de France, 1884, pag. 270, No 43.