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c’eſt que comme j’auray beaucoup de choſes à en dire dans la fuite, il n’eſt pas hors de propos de le faire connoître pour ce qu’il étoit. Je ne diray rien ici de cet Ouvrage. Ce n’eſt pas ce que j’en dirois qui le rendroit recommandable ; il faut qu’il le ſoit de lui-même pour le paroître aux yeux des autres : peut-être me tromperois je même dans le jugement que j’en ferois, parce que j’y ai mis la main en quelque façon, & qu’on eſt toujours amateur de ce que l’on fait. En effet, ſi je n’en ſuis pas le pere, du moins j’en ay eu la direction. Ainſi je ne dois pas être moins ſuſpect que le feroit un maître qui voudroit parler de ſon éleve, parce qu’il ſauroit bien qu’on lui donneroit la gloire de tout ce qu’il auroit de recommendable. Je n’en diray donc rien de peur de m’expoſer moy même à la cenſure, dont je chercherois à préſerver les autres. J’aime mieux en laiſſer toute la gloire à Mr d’Artagnan, ſi l’on juge qu’il lui en doive revenir aucune d’avoir campoſé cet Ouvrage, que d’en partager la bonté avec lui, ſi le public vient à juger qu’il n’ait rien fait qui vaille. Tout ce que je dirai pour ma juſtification, ſupoſé toutefois que je ne diſe rien qui puiſſe ennuyer, c’eſt qu’il y aura autant de la faute