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mémoires de m. d’artagnan

ma passion. Je vis dix ou douze fois la cabaretière chez une de ses bonnes amies, sans que son mari s’en doutât.

Elle voulut encore que je fisse agir Athos, pour être payé de la dette, afin que si elle venait, de nouveau, à se brouiller avec son mari, je fusse à même de la secourir dans le besoin. Je promis, mais dans le dessein de n’exécuter que la moitié de ma promesse. Je fis sommation à mon débiteur, sans pousser assez loin pour qu’on le mît sur le carreau. L’affaire traîna tout doucement, ce qui m’arrangeait très fort, parce que le cabaretier ne pouvait refuser l’entrée de son logis à Athos, tant que la somme ne serait pas payée, et j’avais moyen, par lui, de faire tenir tant de lettres que je voulais à ma maîtresse.