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VIII
PRÉFACE

Ce sont en effet des récits charbonnés sur des murs de cabaret et sur des portes de corps de garde. Mais ces corps de garde, ce sont ceux des demeures royales, ceux des Tuileries, de Fontainebleau, de Saint-Germain-en-Laye, et ce qu’on y raconte, c’est le dernier bruit de la cour, l’intrigue fraîche éclose, la menue monnaie de l’histoire, en somme.

D’Artagnan, d’abord cadet aux gardes, passe aux mousquetaires, et le voici gentilhomme attaché à la personne du cardinal Mazarin. Cet Italien et ce Gascon aux prises sont impayables. D’Artagnan le dépeint avec le relief puissant de la réalité, « cet homme qui ne faisait rien sans y ajouter le luxe d’une fourberie, même inutile ; ce ministre qui n’en voulait à la vie de personne, mais à la bourse de chacun ».

Dumas s’est souvenu du Mazarin de d’Artagnan, dans le personnage du drame « la Jeunesse de Louis XIV », que l’acteur Gil-Naza incarnait si curieusement, avec son jargon extraordinaire, dont d’Artagnan nous cite de comiques exemples. Ces mémoires furent pour le puissant écrivain une source féconde, qu’il n’a pas épuisée, loin de là. Que d’aventures il a laissées de côté, gracieuses ou plaisantes, tragiques ou grotesques !

M. E. de Goncourt[1] nous rapporte, à ce propos, les paroles de Victor Hugo, prononcées devant lui, dans le cours d’une visite qu’il faisait au grand poète :

  1. Journal des Goncourt, tome V, p. 243.