Page:Courteline - Un client sérieux, 1912.djvu/98

Cette page n’a pas encore été corrigée

Lui. — Non.

Elle. — Pourquoi ?

Lui. — Si on te le demande, tu diras que tu n’en sais rien.

Elle. — Comme tu voudras. (A part.) Prends garde que je commence. Prends bien garde.

Lui va et vient par la pièce, les mains aux reins, ruminant de sombres pensées. Des grondements rôdent dans le silence. Rencontre avec une chaise. Il l’empoigne, vient la planter à l’avant-scène, et l’enfourche, toujours sans un mot. Enfin :

Lui, qui se décide à mettre le feu aux poudres. — Eh bien, tu es satisfaite.

Elle. — A propos de quoi ?

Lui. — Dame, tu serais difficile… Tu t’es assez…

Elle. — N’use pas ta salive, je sais ce que tu vas me dire. (Très simple.) Je me suis fait peloter.

Lui. — Oui, tu t’es fait peloter !

Elle, assise près du lit et commençant à se dévêtir. — Là ! — Oh ! Je connais l’ordre et la marche. Dans un instant je me serai conduite comme une fille, dans deux minutes tu m’appelleras sale bête ; dans cinq tu casseras quelque chose. C’est réglé comme un protocole. — Et pendant que j’y pense… (Elle va à la cheminée, y prend une poterie ébréchée qu’elle dépose sur un guéridon, à portée du bras de monsieur)… je te recommande ce petit vase. Tu l’as entamé il y a six semaines en revenant de la soirée de l’Instruction Publique, mais il est encore bon pour faire des castagnettes.

Monsieur, furieux, envoie l’objet à la volée à l’autre extrémité de la pièce.

Elle. — Tu commences par la fin ? Tant mieux ! Ça modifiera un peu la monotonie du programme.