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ge, qui se méprend. --- Ah! monsieur!... Une telle grandeur d'âme! une pareille générosité!...

Hortense. --- Quand je te disais que M. Saumâtre est un homme plein de délicatesse!

La Brige. --- Croyez bien que vous ne perdrez rien. Nous ne sommes ni des ingrats ni des malhonnêtes gens! Hortense est là, qui peut vous le dire, et...

Monsieur Saumâtre. --- Pardon! Vous avez les fonds?

La Brige, interloqué. --- Non.

Monsieur Saumâtre. --- En ce cas...

Il remet sa quittance dans sa poche.

La Brige. --- Comment!

Monsieur Saumâtre, se levant. --- Veuillez me rendre mon chapeau.

La Brige. --- M. Saumâtre, écoutez-moi.

Monsieur Saumâtre. --- Monsieur, je n'ai rien à écouter.

Hortense. --- Pourtant...

Monsieur Saumâtre. --- Je n'ai que faire de vos paroles.

La Brige. --- Un mot, monsieur Saumâtre; un seul! -- Voilà exactement cinq ans que je suis votre locataire. Ne vous ai-je pas toujours, à la minute précise, payé l'argent que je vous devais?

Monsieur Saumâtre. --- Il ne s'agit pas de l'argent que vous avez pu me devoir, mais bien de l'argent que vous me devez!

La Brige. --- Mon Dieu, je sais.

Monsieur Saumâtre. --- Il ne s'agit pas de l'argent que vous me donnâtes autrefois, mais de l'argent qu'il faut me donner aujourd'hui.

La Brige. --- Mais, monsieur, je ne puis vous le donner; je ne l'ai pas.

Monsieur Saumâtre. --- Je garderai donc votre mobilier.

Hortense, aux cent coups. --- Notre mobilier!

Monsieur Saumâtre. --- C'est mon droit. -- Mon parapluie, s'il vous plaît.

La Brige. --- Monsieur Saumâtre...

Monsieur Saumâtre. --- Monsieur, vous perdez votre temps et vous me faites perdre le mien. Vous me devez; vous ne me payez pas; c'est bien, je me paierai moi-même, ainsi que la loi m'y auto