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Au fond, on sent qu’il perd pied devant cet excès d’enfantillage.) Enfin !… Et où l’as-tu fourrée, cette oeuvre d’art ? Va me la chercher, que je la contemple !… que j’en grise mes yeux extasiés ! (Mais Valentine ne bouge pas.) Allons ! Cours ! Vole ! Bondis ! -- Non ? (Valentine en effet, de la tête, a eu un non embarrassé.) Tu ne veux pas ? (Même jeu de Valentine.) Tiens, tiens, tiens… Regarde-moi encore. (Avec une grande douceur). Tu l’as cassée ?

VALENTINE

En l’apportant. (Et comme Trielle fixe sur elle un regard empli d’une immense allégresse) : Ce n’est pas ma faute, à moi, si c’était de la camelotte. Elle avait un oeil !… mais un oeil… Tout le monde y aurait été pris. Alors, qu’est-ce que tu veux, je me suis laissé tenter… C’est donc de là que j’ai proposé au marchand, comme si j’étais venue de ta part, de nous faire crédit jusqu’à la fin du mois, moyennant un petit écrit. Alors, le marchand a dit oui. Alors, je lui ai remis l’écrit… que j’avais préparé d’avance. Alors il m’a remis la lanterne enveloppée dans un grand papier ; et une fois à la maison, quand j’ai défait le papier pour avoir la lanterne, le machin m’est resté dans une main, le chose dans l’autre. Voilà comment c’est arrivé.

(Tout ce récit a été dit d’une voix larmoyante, de petite pauvre, secouée de sanglots mal contenus. Trielle l’a écoutée gravement,