ne pouvons pas juger sainement, si les parties adverses s'obstinent à vouloir s'expliquer toutes les deux à la fois. Qu'est-ce que vous dites?... La partie civile?... Je vous demande pardon, ce n'est pas la partie civile. Quoi?... Pas du tout! C'est votre client! Je vous dis que c'est votre client! Je sais ce que je dis, peut-être.
J'en demande bien pardon à mon honorable contradicteur, mais ce n'est pas mon client, c'est la partie civile qui fait tout ce scandale. Parfaitement, c'est M. Alfred. Il ne faut pas non plus faire prendre aux gens des vessies pour des lanternes, et mettre tout sur le dos du même. Je vous demande pardon aussi, c'est vous qui êtes dans l'erreur.
Ah ça! Est-ce que ça va durer longtemps? N'a-t-on jamais rien vu de pareil ? Bon. Voilà le substitut qui s'en mêle à présent, et l'avocat qui se met de la partie! Monsieur le substitut, je vous invite à vous taire; et vous aussi, maître Barbemolle; vous n'avez pas la parole. Assez! Assez!... Ma parole d'honneur, c'est une maison de fous ici !
Toute cette scène, qui demande à être réglée avec soin, est tenue dans le tohu-bohu, tout le monde parlant en même temps, chacun des acteurs s'obstinant à vouloir, de sa voix, dominer la voix des autres. — Enfin, silence.
Oui ou non, voulez-vous vous taire ?
Oui.
Eh bien! Il n'est que temps !
Et vous ?
Je le ferme.
Quoi?
Mon seau de propreté. Contre la force il n'y a pas de résistance... C'est égal, un client comme moi, un vieil habitué, en justice ! Elle est un peu raide tout de même !
Silence, donc!
Je vous écoute. De quoi vous plaignez-vous, monsieur?
Monsieur! Je suis limonadier rue Notre-Dame-de-Lorette, où je tiens un petit café à l'enseigne du Pied qui remue. Maison bien notée, j'ose le dire : rien que des habitués, de braves gens qui viennent faire le soir leur petite partie en prenant leur demi-tasse.
Vous devriez être honteux, monsieur Alfred, de parler de vos habitués après que vous vous êtes conduit comme un cochon avec votre plus ancien client. Et encore... comme un cochon!... c'est comme deux cochons que je devrais dire !... comme trois cochons!... comme quatre cochons!... comme cinq cochons!... comme...
Ça va durer longtemps, ce défilé de cochons ? Je vous ai déjà dit de vous taire !
C'est bon, je le referme !
Quoi ?
Mon seau de propreté.
Continuez, Monsieur Alfred.
{{Personnage|M. A