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au poste par de vertueux gardiens de la paix…


Landhouille. —… cependant que des étrangers compatissants t’emmenaient, toi, chez le pharmacien, prendre un verre de vulnéraire.


Louison, attendrie. — Ah ! la jeunesse n’a qu’un temps.


Landhouille. — C’est une justice à lui rendre.


Louison, minaudant. — Avec tout ça, la bonne année, tu ne me la souhaites pas souvent.


Landhouille. — Au fait !… La bonne année, Louison ! Que le Seigneur te tienne en santé et en joie !


Louison. — Et mes étrennes ?


Landhouille. — Si je n’écoutais que mon cœur, je te ferais présent d’un hôtel avenue des Champs-Elysées ; mais je connais ta délicatesse ; j’aurais peur de te faire du chagrin. Je me bornerai donc à t’offrir mon portrait… Un mot, pourtant. Qui t’a procuré mon adresse ?


Louison. — Un monsieur.


Landhouille. — Quel monsieur, Louison ? Je voudrais lui envoyer ma carte avec un mot.


Louison. — Tu le connais.


Landhouille. — Je le connais ?


Louison. — Beaucoup ! C’est ce monsieur, tu sais…


Landhouille. — Quel monsieur ?


Louison. — Ce monsieur qui est à la Bourse ; qui te donne des conseils… tu sais bien…


Landhouille, visité d’un soupçon. — Le coulissier ?


Louison. — Parfaitement !


Landhouille. — Celui qui m’a fait perdre trente et quelques mille balles dans l’affaire des mines du Transvaal ?


Louison. — Lui-même.


Landhouille, avec éclat. — Et tu ne l’as pas amené ? Et il n’est pas déjà ici ? Quoi ! nous sommes le premier janvier, il est