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— Évidemment ! Vous m’embêtez avec vos « Hein ». Et puis d’abord ce n’est pas votre affaire s’il m’arrive une contrariété. Est-ce que je vous demande la couleur de vos bas, moi ? Non, n’est-ce pas ? Alors de quoi vous mêlez-vous ? Vous êtes un goujat, mon cher.

— Un goujat !…

Au mot de goujat les mâchoires entrouvertes du vieux se resserrèrent puis se rentrouvrirent puis se resserrèrent encore une fois, secouées des tressautements d’agonie d’un râtelier qui se démantibule. Ses mains un instant soulevées en appelèrent au Maître de tout.

Il suffoquait.

— S’il est permis !… Parler ainsi à un homme de mon âge !

— Homme de votre âge, fermez ça ! cria l’autre. Fermez ça, ou, parole d’honneur, je jette quelque chose dedans ; un encrier, une savate, la première chose venue qui me tombe sous la main. Vous m’agacez, homme de votre âge ! Vous avez le don de me porter sur les nerfs à un point que je ne saurais dire. Donc, fichez-moi la paix et que ça ne traîne pas. Je ne suis pas à la rigolade aujourd’hui, je vous en préviens.