Page:Courteline - Messieurs les ronds-de-cuir, 1893.djvu/265

Cette page a été validée par deux contributeurs.

casa où il put, les femmes sur les genoux des hommes et les hommes au petit bonheur, au hasard des angles de tables et des bouts de bancs restés libres. Il en fut deux qui, faute de mieux, s’allèrent blottir sous le manteau d’une vaste cheminée Renaissance dont on avait enlevé les chenets.

Alors l’enthousiasme de Bourdon déborda. Mais où il ne connut plus de limite, ce fut quand dans le noir de la porte, ouverte sur la nuit du boulevard, eut apparu la tête effarée d’un cheval, maigre rosse que venait d’enlever la bande aux brancards de son sapin ! Il en mugit de joie. Il se dressa sur sa chaise pour mieux voir et posa sa semelle sur le bord de la table pour soutenir son équilibre. Son équilibre !… Fatale idée ! La table y laissa immédiatement le sien, et, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, ce fut l’écroulement général et de la table, et de la chaise, et de Bourdon, le tout dans un charivari de verres cassés et de bouteilles culbutées, tombées pêle-mêle des hauteurs d’une étagère à laquelle le chef du matériel avait tenté de se retenir.

Derouet criait :

— Bougre de fourneau !… Qu’est-ce qu’il fout ?…