Page:Courteline - Messieurs les ronds-de-cuir, 1893.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’encre… Hélas, il dut en rabattre, soudainement stupéfié à reconnaître Chavarax qui se glissait, le sourire sur les lèvres, entre le coude de l’huissier et le chambranle de la porte. S’entendant consigner l’entrée, l’employé avait passé outre, et, trop fin pour laisser le temps de se produire à une rebuffade possible, il prenait le premier la parole, délibérément, en homme qui a le tort pas bien grave de se montrer un peu sans-gêne avec une personne amie.

— Je vous demande pardon. Un mot.

Le Directeur eut une volonté de rébellion.

— En vérité, monsieur Chavarax…

Mais Chavarax :

— Un mot, un seul ! c’est l’affaire d’une minute, pas plus. Veuillez vous retirer, Maréchal.

Et Maréchal se retira, et M. Nègre n’eut pas un geste pour le retenir, le stérile regret de sa faiblesse épanché dans un simple « Mon Dieu !… » qu’il murmura à bouche close tout en désignant de la main un siège libre à son interlocuteur. Cent fois déjà il avait ainsi capitulé sans coup férir, terrassé avant le corps à corps, sans force devant un gaillard dont l’audace le déconcertait. Ça commençait et s’achevait de même, tout le temps :