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Whitman où ce vieux poète paralysé, le visage grave, seconde l’erreur d’un papillon qui s’est posé sur son bras comme sur un tronc d’arbre mort.

Les tics de l’humanité ne sont pas immuables. Même les dieux changent quelquefois. On a déjà changé de manière de rire ; sachez avec constance prévoir un âge où l’on ne rira plus. Ceux qui voudront modeler leur visage sur cette contraction imagineront très bien ce que pouvait être une habitude disparue en lisant les livres de Georges Courteline. Que ceux qui veulent rire maintenant se hâtent de se réjouir en parcourant la série de tableaux qui composent ce volume. Nous n’en sommes pas encore à chercher le socle du dieu Rire au milieu des ruines. Le dieu Rire habite parmi nous. Quand nos statues seront tombées, nos coutumes abolies, quand les hommes compteront les années dans une ère nouvelle, ils se diront de celui qui sut nous rendre si joyeux cette simple légende :

« C’était une charmante petite divinité, fine et bonne, qui vivait dans Montmartre. Elle avait