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tante pourtant il eut le souffle coupé à voir l’autre secouer la tête et déclarer :

— Je n’ai pas dit un mot de ça.

Les deux employés se regardèrent. Lahrier demanda :

— Eh bien !… Quand vous resterez là une heure à faire des yeux en as de pique ?

— As de pique vous-même, malappris ! riposta Soupe, à qui donnait des énergies sa rage d’avoir été déçu dans ses espoirs de raccommodement. Vous m’avez dit : « Ce petit somme… »

— Je ne l’ai pas dit, encore une fois !

— Si, vous l’avez dit.

— Non !

— Si !

— Zut ! Vous m’embêtez à la fin ! Vraiment on n’a pas idée de ça ! Vouloir me persuader que j’ai dit une chose quand je n’ai même pas ouvert la bouche, et me ficher des démentis parce que je rétablis les faits !… Vous avez de la chance d’être une vieille bête, ce qui fait que je vous respecte ; sans ça, vous verriez un peu !… Je vous apprendrais les convenances, moi.

Devant ce torrent d’indignation, Soupe pensa : « J’ai été trop loin. »