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I

Un mois passa, au cours duquel le détraquement de Letondu ne fit que croître et embellir.

Letondu, à vrai dire, venait encore à l’Administration ; il y venait même régulièrement. Mais, arrivé à l’heure précise, il s’enfermait en son bureau, s’y verrouillait à double tour et y demeurait de longues heures sans que l’on pût savoir ce qu’il y fabriquait. Des collègues l’ayant mouchardé par le cercle élargi du trou de la serrure, donnaient de vagues éclaircissements : les uns disaient l’avoir vu immobile, les jambes en branches de compas, plongé dans la contemplation d’un vieux planisphère en loques qui décorait lugubrement une des murailles de sa pièce ; d’autres l’auraient surpris exécutant dans la diagonale du bureau des allées et venues de bête en cage, les mains aux reins, et déchaussé !… En fait, on ne savait pas