Page:Courteline - Messieurs les ronds-de-cuir, 1893.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.

confusion du langage ou de l’intelligence, excite la gaieté des hommes.

Avant l’ère chrétienne déjà, le Carthaginois de Plaute réjouissait le public quand les deux Romains jugeaient par son baragouin Mebarbocca qu’il devait se plaindre d’avoir mal à la bouche. Il n’est pas moins plaisant entendre Piégelé, dans le rôle de Roland, répéter : Salut aux nez creux, lorsqu’on lui souffle : Salut, ô mes preux. La farce des deux esclaves qui interprètent un oracle inintelligible dans les Chevaliers, d’Aristophane, n’est pas très différente de celle des deux dragons qui examinent sur le quai d’Orsay l’obscur problème du numéro 26, où demeure Marabout. Le père Soupe fait cuire son chocolat, se lave les pieds, va accomplir ses petits besoins avec innocente naïveté de Strepsiade, et raisonne un peu comme lui.

Cependant la distinction essentiellement moderne entre le sujet et l’objet nous permet un rire particulier. Le dialogue qu’imaginait Ésope entre un renard et un masque de théâtre n’était pas comique. On pouvait supposer, même avec