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splendeur de l’avril battait son plein au-dessus de Paris.

Gabrielle, le dos au jour, s’était renversée dans sa chaise, la pointe vernie et finement piquée de son soulier avancée un tout petit peu, hors de la jupe. Appareillée à sa toilette, son ombrelle lui barrait les genoux : un rien du tout de foulard quadrillé, dont une satinette mauve cravatait le manche interminable avec des airs de gros papillon au repos. Et l’étonnement de Lahrier était de la trouver si blonde !… mais si blonde, vraiment ; si blonde !… Jamais il n’eût supposé avoir une maîtresse aussi blonde ! Sa nuque était devenue de miel, dans le flot de beau temps qui la baignait. Il fut ravi de sa découverte et il se dit que le printemps est, à Paris, plein de clémence ; qu’il ne fleurit pas seulement aux maigres branches des platanes et aux bourgeons empoissés des tilleuls, mais aussi aux cheveux des jeunes femmes, et à leurs joues, et à leurs lèvres, et à leurs bouts de nez, qu’écrase imperceptiblement le nuage des voilettes blanches.

— Non, vrai, Gabrielle, déclara-t-il tout à coup, c’est épatant ce que tu es chic, aujourd’hui.

— Est-ce que tu n’es pas un peu fou ? demanda