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qu’est-ce que c’est encore que toute cette batterie de cuisine ?

Trois bouillottes d’inégale grandeur s’alignaient, ronronnaient doucement dans les cendres de la cheminée. Du doigt, Lahrier en souleva les couvercles.

— De l’eau chaude !

— Laissez ça ! C’est pour me faire la barbe.

— Du lait ! du chocolat !

— C’est pour mon déjeuner. Laissez ça ! mais laissez donc ça, nom d’un tonneau ! Bon ! voilà qu’il éteint le feu avec mon lait ! Hein ? quoi ? qu’est-ce que vous allez faire ? Mon chocolat dans le bain de pieds à présent ?… Ah ! le vilain homme ! mon Dieu, le vilain homme !

Éperdu, il s’était dressé dans la cuvette, et ses maigres mains maudissaient. Letondu, solennel, criait à travers la muraille :

— Honneur aux hommes de grand âge ! Je tire mon chapeau à Homère, en la personne de M. Soupe, vénérable et digne…

Le reste — et ce fut bien dommage — se perdit, car Lahrier, en dépit des protestations de Soupe, qui le sommait de fermer la croisée, l’ouvrait au contraire, et l’écartait toute grande sur le fracas