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blancs se ravale au rang de la bête ! » en sorte que Soupe jouait l’effroi, exhortait Lahrier au silence, par une mimique compliquée, des deux bras. Mais Lahrier se moquait un peu de Letondu ! Il tenait la scène à faire et ne l’eût pas lâchée pour beaucoup d’argent. Or, voici que de ses yeux, machinalement promenés, il aperçut les chaussures du vieux, posées côte à côte sur la table et y bâillant à l’air libre, dans un éparpillement confus de paperasses administratives.

Alors tout fut bien.

Il cria :

— Et allons donc ! les godillots sur la table ! c’est le bouquet ! D’un bond il fut sur les chaussures. Il les empoigna aux tirants et, par l’entrebâillement de la porte, il les lança à la volée dans les lointains ténébreux du corridor où on les entendit s’abattre l’une après l’autre avec le bruit de deux plâtras qui se détachent.

— Mes souliers ! rugit le père Soupe, mes souliers ! Il a jeté mes souliers, à c’t’heure !

— Oui, dit Lahrier ; et je jette vos bas à la rue, si vous ne les remettez pas à l’instant même. Habillez-vous, monsieur, vous êtes indécent. Et puis,