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modernisme aimable et ce je m’en-bats-l’orbitisme bon diable, auquel on tenterait vainement d’en vouloir, sans jamais en trouver le courage. Il souriait, d’ores et déjà conquis et prêt à tout ce qu’on voudra, pourvu qu’on n’attente point à sa tranquillité, mais le chef de bureau n’eut pas ouvert la bouche et lâché le nom de Letondu, qu’il sursauta :

M. Letondu ! encore M. Letondu ! Ma parole, on ne parle plus que de M. Letondu, ici ! À la fin, me laissera-t-on tranquille avec M. Letondu ! J’ai déjà exposé que je ne pouvais rien ! rien, entendez-vous ? rien ! rien ! rien ! Et puis d’abord, je n’admets pas qu’on se permette de venir me raser à des heures non réglementaires ! De deux à quatre, tant qu’on voudra ; mais passé quatre heures, je proteste. Ça deviendrait de l’arbitraire, aussi. Oh ! ce Letondu !

Dans ce « oh ! », éructé du fin fond de la gorge, un monde de haine tenait ; la rage justement exaltée du monsieur qui a fait l’impossible et au-delà pour être agréable à tout le monde, qui a semé sans compter l’or des bonnes paroles et des sourires pleins de promesses, qui, enfin, aurait bien gagné d’avoir la paix, et dont une brute malfaisante s’en vient troubler la bonne petite existence réglée au