Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Grasse ?

— Mince.

— Blonde ?

— Très brune.

— La route est belle ! Les brunes, je m’en vais vous dire, ça vaut mieux que les blondes, – qui sont teignes comme tout !… – et surtout que ces sales rouquines, avec lesquelles il n’y a pas de milieu : tout bon ou tout mauvais, et mauvais onze fois sur dix ! Moi, je crois que ça s’arrangera, cette affaire-là.

— Sans blague ?

— Ma parole d’honneur !… Et puis d’ailleurs c’est bien simple ! nous allons le savoir tout de suite.

Un tapis de jeu flânait à portée de sa main. Habilement, du bout de son doigt, elle en manœuvra les angles, réussit à l’amener devant elle. L’autre, intrigué, la regardait faire, fouiller à sa sacoche, en tirer un jeu de cartes qu’elle battait avec une lenteur savante.

— Ce sont les miennes, expliqua-t-elle ; elles ne m’ont jamais trompée.

— Non ?

— Jamais !

— Ça, c’est beau !

— Coupez !

— De la main gauche, fit Cozal en souriant.

Il raillait, sceptique sans doute, pourtant non inintéressé, ayant le fond de superstition propre aux esprits un peu frivoles. Il fut heureux d’entendre la pythonisse annoncer gravement : « Bon signe » en tournant le huit de carreau. Celle-ci, c