iserie attendrissante, où le râteau a laissé des sillons comme en laisse le peigne du coiffeur aux cheveux luisants d’un collégien le jour de sa première communion ; mais vers les splendeurs de l’azur montent les arbres aux cimes touffues, peuplées de fauvettes et de merles qui chantent la gloire du beau temps.
Marthe, enfin, est rendue.
C’est là.
Elle repousse la frêle barrière du jardin de Robert Cozal, dont elle évite – avec quel soin !… – de faire tinter la clochette. Elle se hâte. Un souffle de brise incline et courbe vers ses jupes les hautes têtes des glaïeuls familiers qui, vraiment, semblent la reconnaître et lui dire : « Bonjour, Madame. » C’est au point qu’elle ne peut s’empêcher de sourire et qu’elle doit se retenir à quatre pour ne pas céder au plaisir de répondre : « Bonjour, glaïeuls ! » avec le besoin d’expansion d’un cœur qui déborde d’ivresse.
Voici la chère petite maison, simple comme une âme d’enfant, qui lui fut si hospitalière !… que tant de fois, pour lui faire accueil, la pauvreté du bien-aimé emplit de roses coupées aux rosiers du jardin ! Voici le rideau de clématites tendu si épais devant les vitres, qu’elle put cent fois livrer ses lèvres sans que les oiseaux du dehors en aient jamais rien soupçonné. Et voici aussi les platanes dont elle entendit si souvent les douces mains, les mains délicates, glisser en frôlements d’ailes sur le zinc du toit, à ces minutes extasiées où les amants échangent le baiser silencieux qui confond, en une seule, deux âmes !…
Deux pas, encore.
Plus qu’un…
C’est fait…