appartements où vont et viennent, le tablier ceint aux reins, les alertes femmes de chambre.
Un instant, la jeune femme hésite.
— Un fiacre ?
Bah ! il fait bon marcher, et la douceur de la promenade est comme une invitation aux douceurs de tout à l’heure. Puis Montmartre a cela de bon qu’il est toujours à deux pas. Dix minutes à peine et le voici ; Marthe le pressent, elle le devine, rien qu’à voir les lourds autobus souffler comme de gros poussifs par la montée à pic des rues. Dans un instant, à un coude de maison, se démasqueront brusquement les ailes pour rire du Moulin-Rouge, puis celles du Moulin-de-la-Galette, qui ne tourneront – never more !… – jamais plus !
C’est l’heure charmante où les tramways transportent sur leurs plates-formes les blanches flottilles des journaux déployés où les modèles que virent naître les campagnes napolitaines illuminent la place Pigalle des gaietés bariolées de leurs loques. Déjà reviennent du marché les ménagères matinales, et Marthe Hamiet, avec une admiration amusée, apprécie leur art merveilleux à tenir, dans une seule main, des mondes : la boîte au lait, le filet aux provisions, la bourse, la clé, le journal, le chènevis du serin et le mou du minet ; – car encore convient-il de se réserver une patte pour rafler la monnaie d’un louis, donner deux sous à un aveugle, ou calmer d’une bonne bourrade l’enthousiasme de ces malotrus qui ne craignent pas de s’émanciper jusqu’à pincer le derrière aux dames, sous prétexte de leur rendre hommage.
Mais c’est le temps d’un sourire, rien de plus.
— Trotte, ma fille !… Allons, allons !
Et Marthe, qui se hâte et s’essouffle, se rend soi-même