vraiment épatant pour le lancement d’une pommade contre les affections du cuir chevelu.
Il expliqua :
— Le boulevard. Cinq heures. La vie parisienne bat son plein dans la joie d’une belle fin de journée. Tout à coup, une auto fait halte, un bolide en jaillit, que semble avoir projeté la détente d’une catapulte. C’est un homme aux mains folles. De sa bouche, dont l’huis béant évoque le guerrier hurleur du groupe de Rude, là-bas, à l’Arc de Triomphe, une vocifération s’échappe : « Arrêtez-la ! Arrêtez-la ! », et vers la Madeleine que baigne l’or du couchant, pareillement une flèche, il file ! La foule s’écarte devant lui, s’efface sur son passage, s’élance sur ses traces. Et qu’est-ce que c’est ? Et qu’est-ce qu’il y a ? Et on ne sait pas ! On parle de vol, de séquestration, d’entôlage. « C’est une louffetingue qui s’est trottée », affirme un petit télégraphiste. Un petit pâtissier assure : « C’est un monsieur que sa rombière y a foutu du vitriol. » Lui, la foule aux talons et les talons aux fesses, va de l’avant, dévore l’espace : « Arrêtez-la ! Arrêtez-la ! » Par le travers de la chaussée où les multicolores autos s’entrecroisent comme des projectiles, toujours suivi d’un flot humain dont l’impérieux besoin de savoir l’emporte sur l’instinct de prudence, il se précipite les bras hauts, et aussitôt, d’un même mouvement spontané qui les rejette d’avant en arrière, les mécaniciens effarés ont contrarié leurs « directions », mêlant le concert de leurs blasphèmes aux plaintes suraiguës de leurs freins… N’importe ! vers le but mystérieux, vers l’énigmatique mission, il poursuit sa course affolée. La rue Daunou, qui l’a reçu de la rue Scribe, le restitue à la rue Édouard-VII qui le renvoie à la rue Cambon. Il court, il court, le furet !…