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par exemple, ou « Un Généreux bienfaiteur », ou « Une Action à signaler », et cætera, et cætera.

— Mais quoi ! poursuivit-il, ça commence à ne plus prendre. La mèche est déjà éventée. Le lecteur n’a pas lu six lignes qu’il devine le dessous de la carte et envoie le journal au diable, avec l’agacement vexé d’un monsieur qui a failli prendre une vessie pour une lanterne, une limande pour une sole. Si bien que c’est devenu la lutte entre le marchand de ci ou de ça qui persiste à crier : « J’en vends ! » et le public, entêté, lui, à répondre : « Je n’en sais rien ! » Ça peut durer longtemps, dans ces conditions-là. Alors quoi ? Car, enfin, le principe de la publicité n’est pas à discuter une seule minute ; et si je veux bien, à la rigueur, me servir de votre purgatif…

— Mon purgatif ! interrompit Cozal. Quel purgatif, je vous prie ?

— Le purgatif dont je suppose, pour le besoin de ma démonstration, que vous êtes l’inventeur et le dépositaire, répondit Frédéric Hamiet. Donc, si je veux bien user de votre purgatif, c’est à la condition que vous commencerez par me dire : « Le purgatif Robert Cozal se distingue de tous les autres en ce qu’il leur est supérieur ou par ceci ou par cela. »

Faute de pouvoir faire autrement, Cozal acquiesça de la tête.

— Bien sûr, fit-il, c’est évident.

Au fond, il était embêté d’avoir été représenté comme l’inventeur d’un purgatif, même hypothétiquement et pour le plus grand bien d’une saine cause à défendre, en présence de la femme aimée. Mais, enfiévré de théorie, Hamiet ne lâchait