avait alors des paroles qui tuaient l’objection dans l’œuf, des arguments qui jetaient des feux de pierres précieuses, prêt à se battre pour ses thèses comme un père se bat pour ses filles. L’insanité, toujours acceptable, de ses vues, apparaissait avec la majestueuse grandeur de la Vérité Première à cet homme d’une entière bonne foi, coupable en tout et pour tout de ne pouvoir fixer sa pensée ; de laisser sottement croupir dans le paradoxe, ou se décomposer dans le grotesque, des idées qui ne demandaient qu’à éclore ; de ne savoir, enfin, résigner son esprit aux lenteurs de la gestation.
Cette fois il partit en campagne contre le mode de publicité en usage dans les journaux, qu’il déclara niais, illusoire, bon seulement à pressurer la crédulité des naïfs. Il s’étonna que des gogos osassent encore lâcher cent sous pour noyer un nom, une enseigne, en cette inextricable botte de foin : la quatrième page d’un journal.
— La quatre !…
Il s’esclaffa :
— Disons des choses sérieuses. Est-ce que jamais la pensée vous est venue d’y jeter le moindre coup d’œil ? – Et je dis « un jour », notez bien !… je dis « une fois par hasard », en une heure de désœuvrement ?
Cozal reconnut qu’en effet… Mais Hamiet ne lui laissa pas le temps de placer un mot.
— Eh bien ! vous vous appelez Légion ! déclara-t-il. Sacrédié, cela crève les yeux !…
Là-dessus, il but une gorgée de bière, et prit violemment au collet la réclame dite « Faits Divers », qu’il reconnut bonne en soi, vu son chic à ouvrir le piège sous le pied du lecteur confiant, et à capter l’attention par des titres sensationnels : « Le Philanthrope du Boulevard Magenta »