Cinq minutes à peine s’étaient écoulées depuis le départ de Marthe Hamiet que, de nouveau, s’ouvrit la porte du pavillon, laissant voir, sur un fond de verdure, la blanche camisole, le jupon rapiécé et les savates à images d’Anita la blanchisseuse.
Sans même se donner le temps de déposer son panier :
— Quien ! C’est donc q’vous avez pleuré ? fit cette enfant couverte de taches de rousseur et dont les cheveux, parfaitement splendides mais huilés comme des essieux, présentaient l’acajou verni des châtaignes au mois de septembre.
Cozal se dit :
— J’ai été bête. J’aurais dû me bassiner les paupières à l’eau fraîche.
Il ne s’attarda cependant pas en d’inutiles dénégations.
Pris la main dans le sac, il avoua :
— J’ai pleuré, c’est vrai.
Elle reprit :
— En voilà une affaire !… Pourquoi que vous avez pleuré ? C’est-y qu’on vous a fait quéque chose ?
— Euh… répondit-il, oui et non. C’est-à-dire que… Enfin voilà : depuis une heure je cherche ma casquette, je ne peux pas me rappeler où je l’ai mise.
Cette explication insensée déchaîna chez Anita, d’abord changée en statue de sel, des transports d’allégresse, qu’il partagea, d’ailleurs. Seulement, comme il s’était levé, et que, pressé de changer la conversation, il commençait, tout en rigolant, à venir lui rôder près des jupes, elle se rembrunit soudain.
Car le programme ne variait jamais avec elle, personne pauvre mais honnête, qui, pas une fois, ne s’était résignée