Et elle n’insista pas, ayant prévu ce dénouement, la crise de rage aveugle et folle qui suivrait la première stupeur.
Toujours il fallait qu’elle payât la casse, si une anicroche survenait ; la responsabilité de l’imprévu rentrait dans ses attributions. Il était avec elle d’un despotisme outré d’enfant gâté et volontaire : elle le savait et le lui pardonnait comme elle lui eût tout pardonné, car elle le connaissait sans l’ombre de méchanceté, et, pourvu seulement qu’il l’aimât, elle le tenait quitte du reste.
— Arrive ! Nous avons à causer, fit Robert après un silence.
— Je te suis, dit Marthe doucement.
Des deux pièces dont se composait l’habitation de Robert Cozal et qui se montraient l’une à l’autre, par le soulèvement d’une draperie, les treilles d’un même papier rustique, l’une servait de chambre à coucher, l’autre de cabinet de travail.
C’est en celle-ci que les deux amants pénétrèrent, Marthe la première, puis Cozal qui ramena violemment la porte et donna deux tours de clé.
— Tu ne vas pas m’assassiner, au moins ? fit, en affectant de plaisanter, Marthe qui l’avait regardé faire.
Tragique, il répondit :
— Peut-être !…
Mais comme par quelque point, toujours, perçait le non sérieux de ses exaltations, il songea soudain que sa casquette jetait dans le paysage une note fâcheuse, qu’elle jurait avec la gravité des circonstances. Il eut la vision d’Othello demandant : « Avez-vous prié Dieu, Desdémone ? » avec un chou-fleur sous le bras. Il empoigna la coiffure à pleine main, la lança sur le couronnement d’une bibliothèque xvie siècle, dont