que tu veux que je te dise ! Si tu as parlé trop vite, tant pis pour toi !
Il m’écoutait, l’œil fou, les paupières battantes.
— Si j’ai parlé ainsi, fit-il, c’est que j’avais mes raisons pour parler ainsi, et tu aurais dû le comprendre !
Je me mis à rire :
— Oui, oui, je la connais celle-là. Eh bien, mon cher, je n’ai pas compris ; tu m’as offert une femme qui me plaisait, je l’ai prise ; je n’ai pas d’autre explication à te donner.
Il demeura un instant sans répondre, comme suffoqué par la fureur. Enfin, il lui revint assez de salive aux lèvres pour lui permettre de me traiter de saligaud, m’accuser d’être venu chez lui manger son pain, et me lancer un certain nombre d’épithètes que je n’ai pas besoin de rapporter ici. Moi, là-dessus, la colère commença à me gagner. Je me contins, toutefois.
— Écoute, Laurianne, lui dis-je, tu vas me ficher la paix, et tout de suite, ou nous allons nous fâcher pour de bon. Voilà un quart d’heure que tu me tiens en chemise, je commence à attraper froid. En voilà assez comme ça ; si tu viens m’insulter chez moi, je t’empoigne par la peau du cou et je te flanque à travers l’escalier ! Qui est-ce qui m’a fichu une moule pareille !
Ça aurait dû le calmer, n’est-ce pas ? Ah bien oui, je t’en souhaite ; le voilà qui s’emballe, perd la tête, se met à m’invectiver et finit par m’accuser de vivre de l’argent d’Angèle ! Oh dame, alors, moi je ne me connais plus, je lui lance une double paire de gifles, qui lui retourne successivement le nez du côté cour et du côté jardin, et je l’envoie, d’une poussée, promener à l’étage au-dessous.