désappointé du monsieur qui a raté une rencontre. Du reste, il m’arrivait une chose sur laquelle je n’avais pas compté : un embarras d’écolier de septième, que je ne m’étais jusqu’alors connu devant aucune femme et qui me prenait tout à coup devant cette bonne fille réjouie avec laquelle, depuis près de six mois, je m’étais si peu gêné de jouer avec des délicatesses de porc-épic.
Expliquez ça si vous le pouvez, mais pour un rien je fusse rentré me coucher. Heureusement, l’idée que ma visite suivie d’un retrait précipité serait rapportée à Laurianne le lendemain, et que je pourrais servir de cible aux moqueries de cet imbécile, me rendit toute mon énergie.
Brusquant les choses, je demandai à Angèle où elle comptait déjeuner.
— Ma foi, fit-elle, je n’en sais rien.
— Eh bien, habille-toi, lui dis-je ; je te paye à déjeuner au moulin de Sannois.
Elle sauta de joie ; je vis le moment où elle allait m’embrasser, puis elle tourna les talons et disparut comme un coup de vent.
Pendant un quart d’heure, vingt minutes, je l’entendis chanter en s’habillant, de l’autre côté de la cloison, et j’en conclus, ce que j’avais toujours pensé, que la pauvre fille, avec Laurianne, n’avait guère de distractions. Bref, à midi, nous étions à table, et à deux heures la jeune Angèle, que j’avais confortablement grisée, bavardait comme une petite pie, en riant de tout sans savoir pourquoi.
Je jugeai donc le moment venu de proposer une excursion.
Elle accepta immédiatement, se leva de table, et, devenue