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immobilisée au-dessus du képi du conducteur, on pourrait sans inconvénient substituer le vers du divin Alighieri :

Lasciate ogni speranza

Vous avez raison, pauvres gens ; laissez s’éteindre au fond de vos âmes la fleur douce, la fleur parfumée, des consolantes illusions ! Et toi, fils de Mars et de Bellone, cuirassier aux mains gantées de blanc, toi qui, sous l’acier qui te sied, porte un cœur à l’abri des molles défaillances, croise avec résignation tes bras sur ta large poitrine, et, entendant sous ta culotte gémir, hélas ! une fois de plus, le frein d’arrêt de l’omnibus qui te portait à tes amours, renonce, au coin du boulevard extérieur, où il y a une station encore, à goûter les lèvres de Margot.

Car du Panthéon à Courcelles par la ligne Courcelles-Panthéon qu’est-ce qu’il y a Onze ?

Coup de cymbales à l’orchestre.

LE CHŒUR

Il y a onze stations. Il y a la station du boulevard Saint-Michel, la station de la rue de Vaugirard, la station de la place Saint-Sulpice, la station de la Croix-Rouge, la station de la rue du Bac, la station de la rue de Bellechasse, la station du quai d’Orsay, la station du Cours-la-Reine, la station de la rue Royale, la station du boulevard Malesherbes et la station du boulevard Extérieur.

LES VIERGES

Mais il n’y a qu’un Dieu, qui règne dans les cieux.