et la puérilité sans bornes : grossier trompe-l’œil, maison de carton échafaudée sur pilotis de papier roulé, amusette bonne à être jetée en pâture aux amateurs de paradoxes !… Il balayait les objections, d’un geste élargi de ses deux bras, qui faisait tout de suite table rase.
— Non, pardon ! Voulez-vous me permettre ?
Le cercle s’était fait compact. Entre les visages consternés de Cozal et du père Maudruc, la jeune Hélène, déjà prête, avançait son nez de musaraigne, sa tête spirituelle où la bouche rouge vif d’une Sidonie de bonnetier renversait l’un sur l’autre deux accents circonflexes.
Lui poursuivit, souriant et calme :
— Nous nous sommes tous trompés. Voilà ! Oui, nous avons tous été dupes d’une illusion séduisante. Et après ? Il n’y a pas de honte à en convenir ! Nous ne sommes pas les premiers, je pense, qui aient donné dans un mirage et se soient fourré le doigt dans l’œil !
Puis Cozal, désolé, pas convaincu d’ailleurs, lui demandant l’explication d’un pareil accès de pessimisme :
— Je n’apporte ici, déclara-t-il, aucun parti pris de pessimisme. Je vois les choses comme elles sont, voilà tout. Le principe d’où je pars est le suivant : étant donné un théâtre ouvrant ses portes à dix heures pour les refermer à minuit, je mets n’importe qui au défi – vous entendez bien ? au défi ! – de lui trouver un public !
— Pourquoi donc ça !
— Pourquoi ?… Pour la raison bien simple que le consommateur a au plus haut degré la religion de son argent ; que l’idée fixe qu’on veut le voler poursuit l’homme à travers sa vie, et que vous ne trouverez jamais vingt-cinq messieurs consentant