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— Non ? Bien ! Alors, en quoi consiste-t-elle ?

— Mais…

— Voulez-vous me dire ce qui me distingue du Gymnase, du Vaudeville ou des Variétés ?

— Je ne…

— Où est ma raison d’être ? Où est le pourquoi de ce théâtre ? Qu’on me réponde ? Du reste, c’est bien simple : c’est à prendre ou à laisser ! J’ouvre mon bazar à dix heures ou je mets la clé sous la porte. Vous vous débrouillerez sans moi.

Il n’y avait pas de milieu, avec lui ; quand il avait quelque chose là, c’était toujours le même système : l’ahurissement par la mise en demeure, le marché mis au poing des gens ; d’où, pour eux, deux alternatives : capituler ou se brouiller. Cozal dut le saisir à la manche, car il tournait les talons, gagnait le fond de la scène, filait vers la sortie.

— Eh bien ? Qu’est-ce qu’il y a ! Où vas-tu ?

— Voyons, Monsieur Hamiet, disait Maudruc. Voyons !

Lui, fit demi-tour.

Il signifia :

— J’ai dit.

Il dit en effet, mais à la même seconde, dans un subit retournement dont chacun resta effaré :

— Et puis, vous ne savez pas ? Je suis bien bon garçon de me faire tant de mauvais sang ! Faites donc tout ce que vous voudrez ! Qu’on ouvre !… Ça m’est égal ! Je m’en fiche moi, après tout, du Théâtre de Dix-Heures !

— Vous vous en fichez ?…

— Et comment !…

— Ça y est ! fit Cozal. Je m’en doutais !

Tout le temps ça finissait ainsi.