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l’acculait, comme en une impasse, à la nécessité de passer pour un daim — de quoi Marthe eût été la première à rougir ! — ou de cueillir en toute hâte un fruit pressé d’être croqué : conclusion parfaitement logique et qu’achevait de faire triompher la certitude chez le logicien de n’être pas pincé, cette fois, la main — si j’ose dire ! — dans le sac.

Or, comme la lointaine église de Clignancourt égrenait trois coups de gong dans le calme de la nuit :

— Vraiment, ce n’est pas raisonnable ! fit Hélène que, depuis vingt minutes, il tenait debout devant sa porte. Il faut aller faire dodo.

— Déjà !

— Comment déjà ? Voilà trois heures qui sonnent !

— Et quand il en serait quatre !… Après ? Vous n’êtes pas pressée, que diable !… Vous vous lèverez plus tard demain.

— Pour ça, impossible, mille regrets ! J’ai rendez-vous à neuf heures chez Landolff. Mon corsage du trois bride dans le dos, que c’en est une désolation !

— Ah ! diable, c’est grave ! Je ne vous retarde plus, en ce cas. Bonsoir, Hélène.

— Bonsoir, Robert.

Elle lui tendit sa main, qu’il prit et qu’il garda.

— Alors, questionna-t-il, à demain ?

Stupéfaite :

— Certainement, à demain ! répondit-elle. Vous pensiez que j’avais l’intention d’aller faire un petit voyage et de laisser mon rôle jouer tout seul !

— C’est vrai, au fait ! Je vous demande pardon, mon petit chat ; je suis complètement idiot.

— Non, mais vous dormez debout.