ormeaux, que courbe la poussée brutale des bourrasques, ont l’air de saluer l’automne pour lui mieux rendre leurs devoirs ; l’agonie des dernières verdures pourrit et sombre sous l’averse, et par les haies, veuves de liserons, les araignées tendent leurs toiles où s’attarde la pluie, en perles.
Elle est rendue.
Sans bruit, elle écarte la barrière du jardinet de son ami, ouvre ensuite et pousse devant soi la porte de la maisonnette.
Cozal, qui s’est endormi tard, dort encore. Sur l’oreiller, qu’encadre une discrète dentelle, repose la tête de ce perfide ; hors du drap, dans l’écartement béant de la chemise, le calme dormir des enfants soulève la poitrine nue de ce traître. Marthe hésite ; elle peut fuir encore !… et tout de bon, elle y songe un peu. Mais brusquement, son cœur l’emporte. Sur la bouche longuement convoitée de celui qui, seul, lui est cher, elle s’abat, sanglotante et folle. Et elle pleure, et elle rit, et elle perd la tête, et elle est trop heureuse d’y pouvoir boire encore pour en vouloir à ces jeunes lèvres de ce qu’elles ont souri à une autre, et elle a cent mille fois raison !
Ivresse de se donner corps et âme ! Extases de sentir sur ses dents le baiser vivant et jeune de l’être aimé qu’on croyait mort ! Bonheurs infinis d’être lâche ! Joies de s’abandonner, joies de s’aimer !… vous serez donc toujours les mêmes ?
Mais Robert Cozal, éperdu, a pris entre ses mains le visage de Marthe, qu’il ne se lasse pas d’adorer.
— C’est toi, mon Dieu !… Tu es revenue !
Il veut parler, haïr ses torts ; elle l’interrompt.
— Non, tais-toi ! Nous ne reparlerons jamais de ça.
Alors, d’un saut brusque, il s’écarte.
— Viens !