de cuir jaune ont triomphé de cette redoutable épreuve ; ils ont abordé sains et saufs ; à cela près d’une piqûre de boue sur le gonflement de l’orteil : un rien du tout, ce qu’est une mouche à la tempe d’une jeune femme déguisée en marquise Louise XV. Maintenant, c’est la dure montée de la rue Pigalle ; et Marthe, courageuse, s’élance… Seulement, au fur et à mesure qu’elle sent le but rapproché, elle modère, – pourquoi donc ? – son pas.
— C’est l’essoufflement, se dit-elle.
L’essoufflement ?…
Menteuse ! Menteuse !
Des pudeurs, oui !… de sottes hontes !… l’imbécile respect humain !… – Ah ! certes, voilà une grande sotte, qui cherche midi à quatorze heures, discute le baiser dont le désir la tourmente, demande avis à sa raison quand son cœur de femme amoureuse lui donne de si bons conseils !… Vous verrez qu’elle n’entrera pas ! Vous verrez qu’elle s’en retournera comme elle est venue, après avoir, dix minutes, sous le dôme de son parapluie, monté la garde devant la porte, qui l’invite, de la Villa Bon-Abri ! Vous verrez qu’au lieu de courir aux bras empressés à la reprendre, elle s’éternisera à se demander : « Que penserait-il ? » sans se dire cette chose bien simple qu’il ne pensera à rien du tout, si ce n’est à s’écrier : « Toi !… », à lui sauter, fou de joie, aux lèvres, et à flétrir ses erreurs, – quitte à y retomber le lendemain…
Enfin, pourtant, elle se décide.
C’est heureux ! Que de temps perdu !
Elle pénètre ; elle descend la pente rapide du petit chemin, dont elle entend sous sa semelle crier le fin sable gorgé d’eau. Octobre est là ; tout le proclame. Les grands cèdres et les