Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/130

Cette page n’a pas encore été corrigée

grillage d’une baignoire, eût goûté la satisfaction d’entendre la jeune Hélène chanter les couplets que voici :


  Jean, reconduisez cet idiot
  Avec les égards qu’il comporte !
  Dites-lui que devant la porte
  Passe le tramway de Chaillot.
  S’il revient jamais pour me voir,
  Dites-lui que je suis souffrante,
  Auprès de ma mère expirante,
  Ou pas de retour du lavoir.

Ces jolis vers, extraits de Madame Brimborion, n’étaient pas de Robert Cozal, comme un vain peuple serait porté à le penser, mais bien de Frédéric Hamiet, — ce qui n’étonnera personne.

Celui-ci avait lu la pièce de son ami et il l’avait prisée comme il convenait à cela près, pourtant, de quelques remaniements. Oh ! des riens, de petits nettoyages dont il se chargerait lui-même. Il avait donc confisqué le manuscrit et, en moins de huit jours, suant, peinant, ajoutant ici, rognant là, avec la fièvre d’emballement d’un gars qui a raté les débuts de sa vie et qui se découvre tout à coup la vocation insoupçonnée, il avait converti le texte primitif en la folie la plus extraordinaire qu’ait jamais conçue l’invention d’un pensionnaire