et, ma foi, on pourrait entrer. Déjà, indices précurseurs, courent les potins par les journaux : des filets de quinze à vingt lignes où les courriéristes intrigués, dont l’appétit d’informations s’est cinquante fois cassé le nez aux portes inexorablement closes du théâtre, aux mystérieux sourires d’Hamiet enfermé dans le geste discret d’un homme qui ménage des surprises, parlent à mots couverts d’innovations heureuses, lâchent à tout hasard d’habiles sous-entendus dont s’émeut la curiosité publique. Quelques bruits, même, ont transpiré : l’idée a surpris et séduit, du banal fauteuil d’orchestre transformé en « Grand Confortable », et on ne songe pas sans une certaine émotion à cet extraordinaire foyer dont a parlé Le Figaro : une serre encombrée d’exotiques verdures, où des tsiganes authentiques joueront des czardas ou des valses, tandis que des valets de pied en culotte cerise promèneront sur leurs mains gantées des plateaux chargés de verres de punch, de coupes de champagne et de glaces, et qu’un cinéma en couleurs initiera pour rien le public de l’entr’acte aux événements de la journée. La pièce est d’ailleurs annoncée ; le quadruple colombier emmaillote le faîte des colonnes Picard, d’un rose pâle de truite saumonée où s’enlèvent, en vermillon de coquelicot, ces mots :
Incessamment
PREMIÈRE REPRÉSENTATION
MADAME BRIMBORION
opéra-bouffe en trois actes.
Or, ce soir-là, un reporter astucieux qui se fût faufilé sans bruit par une porte entre-bâillée, puis embusqué derrière le