Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/125

Cette page n’a pas encore été corrigée

bracelet pas vrai dont elle fit, sur son pouls, claquer le soi-disant fermoir ; puis apparurent deux petits anneaux illusoires qu’elle suspendit, de chaque côté de son éclat de rire, aux lobes rosés de ses oreilles ; une houppette chimérique, laquelle, secouée par le vide, y laissait censément pleuvoir son trop plein de poudre de riz ; un faux rouge pour les lèvres qui

dessina aux siennes deux frêles arbalètes contrariées ; enfin, un vaporisateur prodigieusement évoqué, dont elle dirigea vers Hamiet le bec qui n’avait pas lieu, en même temps que, de sa dextre, elle en pressurait, pétrissait la poire à air, absente et visible à la fois. Et ce fut si joli, si complet, d’un rendu de la vie si exact, qu’Hamiet, transporté, n’y tint plus criant : « Hop là ! » les bras tendus à la gamine qui s’y jeta riante et essoufflée.

— Allez, déclara-t-il ; c’est fait ! J’hésitais encore un peu ! à cette heure, le notaire lui-même y aurait passé, que ça n’y serait pas davantage ! Les Gaîtés-Modernes sont à vendre ; leur situation en plein cœur de Paris, à deux pas du passage Jouffroy, n’est comparable qu’à celle des Variétés ; je les achète !… J’engage Gaubray qui a résilié hier avec le Palais-Royal ; j’engage Lucy Thoralba, qui est charmante dans les rôles à côté ; j’engage